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Une sombre étoile a éclairé ma nuit

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Iccs Vergan

Iccs Vergan
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MessageSujet: Une sombre étoile a éclairé ma nuit Une sombre étoile a éclairé ma nuit EmptyLun 5 Sep - 14:58

Iccs grimaça. Quelle idée il avait eu, de venir ici. Il n’aurait pas du… Il soupira pour la énième fois, les mains bien enfoncées dans ses poches. Allez, se concentrer sur autre chose. Il fronça les sourcils. Ne penser qu’à son tour de garde. Il passait là simplement pour vérifier que tous les élèves dormaient, qu’aucun ne faisaient de cauchemars…Pas pour se remplir la panse. Le professeur redressa ses prunelles bleues, se tâchant de fixer le bout du couloir et non les portes des chambres restées closes.

Personne ne pouvait même imaginer son supplice. Son cœur, si il avait pu battre, se serait affolé. Instinctivement, il avait retenu sa respiration, écoutant les souffles paisibles de ces êtres endormis. Il les imaginait, roulés sous leur couette, leur visage serein, s’éclairant parfois d’un sourire ou d’une grimace selon le rêve qui occupait leur esprit. Il avait comme la sensation de sentir leur corps brûlant de vie sous ses doigts, le battement de leur cœur résonnait terriblement à ses oreilles, finissant par se glisser dans son sang, dans sa tête, le faisant frémir tout entier. Les enfants dormaient, incapables de se douter même de la menace qui pesait sur eux. Envolés vers de lointains songes, ils ne pouvaient apercevoir les prunelles affamées braquer sur eux, les ombres de la nuit se mouvoir autour d’eux, se rapprochant, petit à petit. Peut être ne sentiraient ils même pas la pénétration des crocs aiguisés dans leur chair tendre, peut être ne sentiraient ils pas le souffle glacé du prédateur sur leur nuque et leur vie disparaître à chaque déglutition du monstre penché vers eux…

Iccs porta une main à sa tête. Penser à autre chose. Penser à autre chose. Il se força à accélérer le pas, mais des vertiges le saisissaient. Il avait oublié à quel point ce couloir semblait long… N’avait il donc pas de fin? Et ces portes qui défilaient, défilaient, toutes promesses d’un succulent repas. Allan… Son sang serait probablement doucement sucré, un vrai sirop qui coulerait dans la gorge comme du petit lait. Penser à autre chose, Iccs. Lucy… Aujourd’hui, ils s’étaient encore bien amusés à narguer le pauvre garçon. Elle venait se blottir dans ses bras, ayant ce charmant petit mouvement de tête qui découvrait sa gorge délicate. Une peau blanche, à l’aspect fragile, d’où émanait un parfum légèrement fruité. Iccs glissa une langue sur ses lèvres mais se rétracta net au contact de ses propres canines, des canines qui avaient commencé à se rallonger. Il croisa les bras sur son ventre, se griffant légèrement pour se rappeler à la réalité. Allez, fallait qu’il tienne jusqu’à sa chambre, il irait s’enfiler un steak saignant et ça ira bien…Il fallait que ça suffise de toute façon. L’idée de mordre un humain, pis encore, un élève, l’écœurait au plus au point… Il détestait ces instants où sa terrible nature venait lui faire un clin d’œil. Mais Iccs n’était pas comme ça. Iccs tentait de se convaincre que son véritable ‘moi’ était un être humain, et, comme on dit, le naturel revient toujours au galop, non?

Ça allait faire un peu plus de deux siècles que le garçon tentait de convaincre son être de cette vérité illusoire. Quand on veut, on peut, comme dit le proverbe. Et Iccs ne voulait pas être un vampire, il le refusait et le nierait, toujours. Pourquoi? Arf…On touche au sacré et au personnel, là. Et puis Iccs ne voulait plus même réfléchir à ça. C’était un têtu, ce genre d’hommes qui vont jusqu’au bout de leurs idées, quelle que soient les souffrances qu’ils doivent endurer. Savait il qu’il risquait surtout de ne pas survivre à ces conneries? Surement. Pourtant, il persévérait sur cette voie, aussi suicidaire soit elle.
Ses pas se firent hésitants. Maladroits. Iccs ne tarda pas à tituber, plié en deux. La douleur montait, à grands pas. Elle se débattait en lui, comme un animal emprisonné, déchirant ses entrailles, comme si il s’agissait des liens qui la retenaient. Elle plantait ses crocs en lui, réduisant tout en charpie, plantant ses griffes dans sa chair, s’hissant en lui, gagnant du terrain sur son corps qu’elle continuait à lacérer, cherchant un moyen de sortir de cette prison. Iccs sentait comme le peu de son sang disparaître, lapé avidement par cette Bête de souffrance, asséchant son corps lentement mais surement. Ses jambes se mirent à flageoler sous lui, finissant par ne plus même supporter son poids. Iccs bascula pitoyablement, se pliant une nouvelle fois en deux, posant son front contre le carrelage glacé. Comme si ça allait suffire à calmer cette incendie de douleur, cette Bête furieuse en lui… Il se mordit la lèvre jusqu’au sang, un sang rouge, presque noir du à l’assèchement de son être, daigna couler le long de son menton. Iccs s’empressa de récolter ce sang ô combien mauvais, liguant toute sa volonté pour avoir la force de se redresser. Sans résultat, si ce n’est un autre pic de douleur qui le fit crier. Il se retint de nouveau de respirer. Il ne fallait pas qu’il réveille un élève…Il ne fallait surtout pas que l’un d’eux vienne le voir et tente de prendre de ses nouvelles. Ou il risquait de… De faire quelque chose qu’il regretterait amèrement. Il ne se pardonnerait jamais de s’en prendre à l’un d’eux, jamais. Sa compassion, voire sa pitié, amuseraient plus d’un vampire. Après tout, il restait la honte de sa race, son frère et son père le lui rappelaient souvent, tristement, avec lassitude. Mais Iccs n’en avait rien à faire. Il était fier de ses joies, de son engagement, et quoi qu’on lui dise, il tiendrait bon.

Il eut la force de ramper sur quelques mètres, mais finit par ne pouvoir que s’adosser au mur, et attendre. Attendre que ça passe. Si jamais, du moins, cette souffrance pouvait s’arrêter. Il ferma les yeux avec force, finissant par avoir un rire hoquetant, douloureux, un rire plus inquiétant sur son état qu’autre chose. Il se mordit la main, mais cela ne fit qu’amplifier sa faim et sa peine physique. Il rabaissa alors sa main et essaya de prendre son mal en patience, levant les yeux vers les étoiles que l’on apercevait par la vitre. Nar avait eu une étoile, dans sa vie. Iccs le savait. Une femme qui avait veillé sur lui, une femme qu’il avait aimé de tout son cœur, une femme qui avait éclairé un peu l’obscurité de sa solitude. Iccs, lui, n’avait personne. Du moins, il le croyait. On se sent toujours plus seuls dans une foule. Iccs tentait d’oublier sa solitude en côtoyant du monde, en se faisant remarquer, constamment…Mais il restait seul. Sans étoiles.
Ou pas. Un murmure se fit entendre. La caresse d’un tissus riche frôlant le carrelage. Iccs entrouvrit l’un de ses yeux bleus qui virait petit à petit au rouge, rouge carmin, rouge de la passion. Rouge affamé, rouge morbide, rouge tant haït. Il commençait à sentir son esprit se défricher, la Bête de sa souffrance commençant à semer le chaos dans ses pensées. Il eut un sourire douloureux.
_ Eli’…
Ce fut tout ce qu’il parvint à dire avant que la douleur ne le fasse se tendre et grimacer de souffrance.
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Elizabeth H. Greenhall

Elizabeth H. Greenhall
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MessageSujet: Re: Une sombre étoile a éclairé ma nuit Une sombre étoile a éclairé ma nuit EmptyMar 6 Sep - 23:43

La nuit était calme. Une légère brise descendit des nuages pour souffler sur la ville. Elle parcourut les rues, poussant les fêtards vers les réjouissances, pénétrant les manteaux des noctambules et colorant les joues des filles. Elle souleva les feuilles mortes, prolongeant un peu leur voyage. Elle traça une arabesque fantasque dans un bac à sable. Elle se pencha pour caresser les animaux du Battersea Zoo, et, un peu plus loin, alla se perdre dans les mèches d'Elizabeth. Celle-ci se releva de sa victime, laissant tomber en bloc le cadavre desséché d'un jeune homme d'une vingtaine d'années. Son expression serait figée pour l'éternité dans une horreur sur-humaine. Sans lui accorder un regard, la vampire épongea le léger filet de sang qui perlait à la commissure de ses lèvres. Son corps tremblait encore, légèrement, de l'extase de la Soif ; mais ses yeux, à nouveau, reprenaient leur bleu usuel. Elle s'était encore laissée emportée, n'est-ce pas ?

La Chasse avait été bonne. Elizabeth s'était rassasiée sur une rencontre de passage ; un poète mécompris qui avait cherché à finir ses jours dans le lac. La pauvre âme délirait déjà sous les effets de l'alcool et d'un psychotrope quelconque lorsqu'elle l'avait attrapé, et vu la fréquentation du parc à ces heures-ci, elle n'avait même pas eu à étouffer ses cris. L'immortelle avait toujours eu un faible pour les désespérés, les pathétiques, les dépressifs ; ceux qui aspiraient tant à cette mort qu'elle n'aurait jamais ou à cette puissance qu'elle n'avait jamais désirée. Oh, elle ne s'en plaignait pas...

Mais si elle n'avait jamais su, n'est-ce pas ? Le goût du sang et de la Chasse, la Bête et le monde de la nuit – tout lui aurait été étranger et rien ne lui aurait donc manqué, dans sa petite vie bourgeoise...
Y pensait-elle, parfois ?
Non.
Jamais, en réalité.

Si elle avait regretté son humanité, cela n'avait duré que quelques années. Très rapidement, avec pragmatisme et détachement, elle avait accepté sa nouvelle condition – sans s'en enorgueillir ou s'en faire honte. Heather était devenue une vampire et, après quelques mésaventures, avait appris à en être une. Ce n'était pas bien difficile, après tout.
C'est ainsi qu'elle balança le cadavre dans les eaux glauques du Battersea Lake avec un naturel déconcertant et, parce qu'il y a certaines choses qu'on vous enfonce si durement dans le crâne qu'elles ne vous quittent pas deux cent ans après, n'attendit pas pour aller se rincer les mains dans une fontaine proche.

Sortant un petit miroir de l'intérieur de son trench-coat, elle vérifia qu'aucune trace de sang récalcitrante ne venait tâcher sa peau d’albâtre. Il était important de garder toujours une certaine classe, un certain standing. Non seulement cela faisait partie de ces restes d'éducation qu'elle cachait avec soin, mais cela tenait la Bête éloignée – cette face terrible des vampires, leur aspect sauvage et destructeur. Certains l'embrassaient complètement, et devenaient des monstres. D'autres en niaient catégoriquement l'existence. Chacun faisait de son mieux pour non-vivre avec.
Elizabeth n’accepterait jamais sa domination sur son existence, mais elle ne la rejetait pas pour autant. Il fallait faire avec – comme il avait fallu faire avec un mari et trois grossesses, mais ces souvenirs n'encombraient plus son esprit depuis bien longtemps.

Oui, la chasse avait été bonne, et le calme de la nuit, un temps rompu par les hurlements, avait repris ses droits sur le parc. Elizabeth inspira un bon coup. Rassasiée, elle se sentait bien évidemment mieux. Que faire, maintenant ? L'obscurité régnerait encore pour de longues heures sur la ville, et sur l'Académie, où elle ne tarderait pas à rentrer. Elle aimait cet endroit... Il avait été construit dans le but de satisfaire ceux de sa race, et c'était plaisant. Les élèves étaient parfois une plaie, mais leur étude se révélait fascinante. Qui aurait cru qu'elle apprenait sûrement plus qu'eux ?

L'Anglaise s'étira doucement. Il fallait toujours entretenir ces fichus muscles. Elle effectua quelques mouvements destinés à prendre le meilleur parti de ce sang qui coulait pour un temps dans ses veines arides. Si elle ne soignait que modestement son apparence, sa forme physique était primordiale. On la voyait souvent en plein jogging. Elle fréquentait très assidûment un club de gym 24/24 du quartier, ainsi que la salle de sport de l'Académie. Mais aujourd'hui était son jour de repos, et elle devait de toute manière commencer à préparer sérieusement ses futurs enseignements.

D'humeur égale, elle se décida à rentrer. Traversant les rues telles une ombre, plus discrète encore que le vent léger qui planait ce soir-là, la brune atteignit en peu de temps les portes de l'établissement. Tout semblait paisible. Aucun bruit ne venait perturber la quiétude du hall d'entrée. Qui était le professeur de garde, aujourd'hui ?
Oh non. C'était sûrement Iccs.
Un garçon gentil, mais peu doué. Et puis, un garçon.
Le premier vampire aussi peu content et convaincu de sa condition qu'Elizabeth eut jamais croisé.

Leurs relations étaient cordiales, informelles. Peut-être l'étaient-elles un peu trop ? Elizabeth avait pris la dangereuse habitude de passer derrière lui pour réparer ses bêtises diverses. Elle ne se lassait pas de son caractère qu'elle jugerait d'ordinaire pourtant purement horripilant. Il y avait quelque chose de très humain, chez lui, cette espèce de contradiction...
Par habitude, elle vérifia la cafétéria et les cuisines. Plus d'une fois, bien qu'elle ne soit pas arrivée depuis longtemps, elle l'avait pris la main dans un sac de bonbon, à quatre heures et demi du matin, là où tout humain qui se respecte dort à poings fermés et où tout vampire bien constitué ne s'amuse pas à piquer des friandises.

Elle monta les escaliers quatre à quatre, de son pas silencieux. Son instinct la titillait ; il lui semblait que quelque chose n'allait pas. Elle espérait qu'Iccs n'était pas entrain d'essayer de faire un tour de potache à son co-locataire, ou qu'un enseignant un poil trop assoiffé n'avait pas confondu les corridors du dortoir avec son terrain de chasse. Ce genre d'erreurs était strictement à éviter, on le leur avait clairement fait comprendre.
Rien au rez-de-chaussée, donc, et rien au premier étage. Les oreilles parfaites de la vampire n'y entendirent aucun bruit suspect. Ses sens la tromperaient-ils ? Cela serait fort intriguant. Il n'y avait qu'une manière de le savoir. Alors qu'elle s'apprêtait à visiter l'enfilade des salles de classe de l'école, un bruit étranger perça le velours de l'obscurité. Léger, fin comme un murmure, mais pas assez pour que l'ouïe sur-humaine de la vampire ne le capte parfaitement. Comme un rire ou un sanglot, qui avait traversé le plafond, n'est-ce pas ?

Un humain dans son sommeil n'aurait pas fais ce genre de bruit. Elle connaissait trop bien les petits gémissements nocturnes pour s'y tromper. Combien de nuit n'avait-elle pas passées, fascinée, à observer les poitrines se soulever et s'affaisser, à écouter les respirations lourdes du sommeil ? Et dire qu'elle avait, un jour, été comme eux... Mais elle ne prit pas le temps de ces réflexions. Son pas s’accéléra en direction des escaliers, qu'elle grimpa en quelques bonds. Ses pieds se posaient à peine sur le sol ; ses bottines ne semblaient que l'effleurer.
Quelle émotion la motivait donc ? Elle aurait refuser d'admettre être inquiète – une crainte trop humaine – mais elle devait avouer un mauvais pressentiment. Son corps s'arqua dans la cage d'escalier et se projeta dans le corridor. Un pas, puis un autre, et ses yeux de glace aperçurent la forme prostrée contre le mur. Son cœur, eût-il encore battu, aurait sûrement manqué une mesure en reconnaissant la blanche chevelure du professeur de Français couronnant ce corps marqué par la fatigue et la souffrance.

Elizabeth bondit à travers le couloir plus qu'elle n'y marcha. On n'entendit que le délicat frottement du taffetas de sa robe, qui se froissa doucement lorsqu'elle s'agenouilla à côté du jeune vampire. Son visage était défiguré par la douleur. Le rouge de ses yeux ne présageait rien de bon... Qu'est-ce qu'il faisait, cet imbécile, à mourir de faim au milieu du dortoir ?
Les traits de la britannique ne se tendirent pas. Sa voix resta égale, monocorde, composée. Mais au fond d'elle-même, tout au fond, là où résidait encore sa dernière étincelle d'humanité, quelque chose se serra.

Deux paumes fraîches comme la rosée de printemps vinrent se poser sur les tempes du francophile.

« Iccs. » Répondit-elle à son appel, dans un français correct. « Tu es assoiffé. Qu'est-ce que tu fais là ? Nous ne devons pas boire les étudiantes. Il faut sortir. Tu peux te lever ?  »
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Iccs Vergan

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MessageSujet: Re: Une sombre étoile a éclairé ma nuit Une sombre étoile a éclairé ma nuit EmptyJeu 8 Sep - 16:34

Ses cheveux d’ébène se mêlaient à l’obscurité. Ses prunelles aussi sombres que le ciel nocturne, semblaient d’ailleurs être emplies d’étoiles, dues aux reflets de la chevelure blanche du professeur dans les yeux de son aînée. La douleur perturbait ses pensées, les plongeant dans un véritable chaos, dans cette tornade de souffrance qui emportait sa raison petit à petit, la défrichant lentement mais surement. Deux mains douces s’apposèrent sur ses joues. Il ferma les yeux, se livrant quelques secondes à ce contact rafraîchissant, ce contact étonnement humain, d’après son examen en tout cas. Il est sur que ces doigts délicats, longs et fins, ainsi glissés le long de sa peau, n’étaient en rien comparable à la morsure douloureuse du carrelage glacial. Sa voix se faufila le long de ses oreilles, comme un baume apaisant le long de son cœur dont chaque battement devenait peu à peu une véritable souffrance.
_ Hein…?… Non… Non, je ne boirai le sang de personne…, assura tranquillement Iccs d’une voix rauque et brisée, avant d’avoir un petit rire qui termina en quinte de toux douloureuse. Il ne parvenait plus à comprendre totalement le sens des mots qu’elle prononçait. Il ne réagit qu’à peine quand elle dut glisser un bras autour de sa taille pour l’aider à se relever, chose qu’il fit péniblement dans un gémissement de douleur. Le sol tanguait sous ses pieds. Il avait comme des vertiges où il manquait de s’effondrer. Quelle idée de tenir ainsi plusieurs jours sans se nourrir. A chaque fois, il tentait de rallonger son record, de tenir plus longtemps… Mais non. Peut être ne réalisait il pas qu’il se tuait à petit feu. A moins qu’il n’espérait finir ainsi? Rien que le fait de poser un pied au sol le faisait grimacer. Il avait comme la sensation de sentir ses tendons se tendre et se figer, prêts à se briser. Ses muscles finirent par rester contractés, les horribles crampes l’obligeant à retomber à genoux au sol et à s’écrouler un peu après le couloir qui menait aux chambres.

Il entendait la voix d’Elizabeth, au dessus de lui. Il sentait ses mains se glisser le long de son corps, peut être pour le secouer? Ou le câliner? Non, Iccs, ne prends donc pas tes désirs pour des réalités. Il ne répondait pas à ses questions, il ne réagissait pas même vraiment à ses gestes. Il ne put que se prostrer un peu plus au sol. Pitoyable créature, prisonnière du crépuscule. Prisonnier de cette double nature, ce contraste entre le diurne et le nocturne, l’humanité ou le vampirisme, la chaleur et le froid. Le vivant et le mort. Le soulagement ou la peur. Iccs était terrifié de ses pulsions, de ses envies carnassières. Il trouvait cette partie en lui terriblement monstrueuse, il savait qu’une fois qu’il lui aurait laissé faire quelques pas dans son esprit, une fois qu’il se serait aventuré dans cette obscure forêt…Il serait alors considéré comme perdu. Il le sentait, il le savait. Et il en avait peur, terriblement peur. Plutôt mourir que se plonger dans cette douce folie bestiale. Plutôt crever qu’être le loup de cette forêt qui longeait les bords de sa raison humaine. Il ne voulait pas devenir une Bête, il ne voulait pas même qu’elle s’approche de lui… Cette Bête avide de sang et de carnages.
Mais en la fuyant, il ignorait qu’il s’enfonçait petit à petit dans un autre des marécages mentaux qui hantent les esprits des êtres. Celui de l’inconscience, de cette folie innocente qui reste tapie au fond de chacun de nous. Celle qui nous pousse parfois à murmurer des phrases sans sens, à imaginer des choses qui ne sont pas, celle qui attend d’habitude notre sommeil pour nous envahir de rêves délirants.

Iccs gardait ses yeux rouges grands ouverts, mais ses pupilles s’étaient obscurcies, perdant tout éclat. Ses canines avaient réussi à s’étirer de quelques centimètres, mais gardaient une taille respectable. Elles étaient loin d’être aussi pointues que ses congénères, pas habituées encore ne serait ce qu’à se planter dans une jugulaire. Le garçon n’haletait plus même vraiment, en fait, il ne respirait même pas, ayant parfois comme un sursaut où il aspirait une grande goulée d’air frais, comme un noyé qui tente de rester hors de la surface, un noyé qui cherche l’air sans le trouver.
Cependant, un sourire éclaira son visage. Un sourire douloureux, comme celui d’un enfant malade.
_ Mère…
Oui, ça en aurait fait rire plus d’un. Iccs délirait, terriblement. Et comme toujours quand il souffrait, comme un gamin, il pleurait et appelait sa mère, cette mère qu’il n’avait jamais connu, cette mère qui représentait pour lui toute cette humanité qu’il s’acharnait à conserver, à protéger. Elle avait toujours été son soutien, quand son père l’ignorait, quand son frère l’écartait de toute vie sociale, tout bonnement car il leur faisait honte, à eux et à sa race toute entière… Il pensait alors à Elle. Il se disait qu’Elle serait restée avec lui. Peut être même l’aurait Elle encouragé à être humain, lui aurait même divulgué ses conseils et aurait pu le guider. Peut être… Qu’Elle l’aurait aimé. Qu’elle aurait été fière de lui.
Ça lui aurait changé un peu les idées. Ça aurait changé sa vie.
Cette vie où il était la honte de toute sa race. Les humains, en réalisant son anormalité, le repoussaient. Et malgré tous ses efforts pour être comme eux, il continuait à subsister des différences. Combien de temps lui faudrait il pour être comme eux? Totalement comme eux?
Il avait abandonné toute idée d’être un vampire, et cela, depuis une éternité. Dans les films d’horreur, il était le premier à se cacher les yeux. L’idée même de tuer le révulsait tout entier. Il était dégoûté, tellement écœuré de cette nature de sangsue. Rien que savoir qu’un de ses collègues avaient eu un repas bien sanglant suffisait à le plonger dans une nausée indescriptible. Il ne serait jamais comme eux. Iccs voulait rester…Iccs. La majorité des vampires perdait leur vrai être après avoir succombé à leur faim, et Iccs ne voulait pas y succomber. Il voulait continuer à être, être lui et personne d’autre.

Pauvre être, condamné à rester ainsi au bord d’une falaise, perdant parfois l’équilibre, mais n’y tombant jamais. Pauvre être qui n’a aucune chance de trouver une fois encore une terre stable sous ses pieds, si ce n’est lorsqu’il délire et qu’il s’imagine à ce qu’une main le soutienne, s’assure de son équilibre. La main d’un fantôme, la main d’un espoir. La main de sa mère.
_ Maman…
Les larmes coulaient, dégoulinaient le long de ses joues. Son regard éteint cherchait on ne sait quelle illusion, une vision imaginaire, espérée mais malheureusement encore invisible. Sa mère, sa chance de rédemption, l’occasion d’être aimé, aimé pour ce qu’il était. Sans qu’on le critique, sans qu’on le juge. Sans qu’il ne fasse honte à personne, sans qu’il ne dérange personne.
_ J’ai mal…Maman…
L’enfant malade qu’il cachait au creux de lui se réveillait. Sorti brusquement de son sommeil par cette douleur qui le terrassait, cette douleur qui l’effrayait et lui rappelait son inhumanité. Sa monstruosité.
Alors qu’il se serait damné pour être humain…Si jamais il avait eu une âme, tout du moins.
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